
En France, 40 % des plus de 75 ans prennent au moins 7 médicaments simultanément, selon l’Assurance Maladie. Un chiffre qui révèle un enjeu de santé publique méconnu : la polymédication, responsable de 130 000 hospitalisations annuelles chez les seniors.
Dans cet article, je partage des solutions concrètes pour réduire ces risques, basées sur mon expérience de 15 ans en gériatrie et les dernières études scientifiques.
Comprendre la polymédication : entre nécessité et dangers
La polymédication désigne la prise régulière d’au moins 5 médicaments différents. Chez les seniors, ce phénomène s’explique par la multiplication des pathologies chroniques : hypertension, diabète, arthrose…
Deux types coexistent :
- La polymédication appropriée : indispensable pour traiter des maladies concurrentes (exemple : anticoagulant + antihypertenseur + antidiabétique).
- La polymédication inappropriée : médicaments superflus ou prescrits pour contrer des effets secondaires d’autres traitements (comme ce somnifère ajouté pour compenser un diurétique trop puissant).
Dans ma pratique, j’ai rencontré Mme Dupont, 82 ans, qui cumulait 12 ordonnances différentes. Après analyse, nous avons réduit sa liste à 8 médicaments essentiels en supprimant les doublons et les traitements obsolètes.

Les 5 risques majeurs (et comment les anticiper)
- Interactions médicamenteuses
Un anti-inflammatoire associé à un anticoagulant peut provoquer des hémorragies internes. Conseil clé : utiliser des outils comme le Thériaque pour vérifier les combinaisons à risque. - Effets secondaires en cascade
Les anticholinergiques (médicaments contre l’incontinence) augmentent le risque de chutes chez 68 % des patients. - Troubles cognitifs
Une étude de l’Inserm montre que 3 médicaments psychotropes multiplient par 4 le risque de démence. - Erreurs d’observance
À partir de 5 médicaments/jour, 60 % des seniors oublient au moins une prise hebdomadaire. - Surcharge hépatique et rénale
Le métabolisme des seniors est 40 % plus lent qu’à 30 ans. Un dosage adapté est essentiel.
3 stratégies éprouvées pour sécuriser le traitement
Le « bilan médicamenteux » annuel
Objectif : réévaluer chaque traitement avec son médecin.
- Check-list pratique :
- Médicaments encore utiles ?
- Alternatives non pharmacologiques (activité physique, alimentation) ?
- Dosages adaptés à l’âge et au poids ?
Cas concret : M. Martin, 78 ans, prenait un antihypertenseur depuis 10 ans sans réévaluation. Après un holter tensionnel, nous avons pu diviser sa dose par deux.
L’organisation anti-erreur
- Pilulier électronique avec alarme (exemple : modèle Hero).
- Carnet de suivi notant :
- Heures de prise.
- Effets ressentis.
- Tension/ glycémie si besoin.
Astuce : prendre en photo toutes ses ordonnances avec le smartphone pour les avoir en consultation.

La téléassistance médicalisée
Les services comme Ma Pharmacie Mobile offrent :
- Rappels de prise par SMS.
- Livraison à domicile des médicaments triés par dose.
- Alerte automatique en cas d’interaction détectée.
Le rôle clé des aidants : 5 questions à poser systématiquement
- « Ce nouveau médicament remplace-t-il un ancien ? »
- « Quel est l’objectif concret de ce traitement ? »
- « Existe-t-il une version à libération prolongée pour réduire les prises ? »
- « Pouvons-nous arrêter temporairement ce médicament pour en tester l’utilité ? »
- « Qui contacter en cas d’effet indésirable ? »
Ma routine « zéro risque » en 7 étapes
- Matin : Prise des médicaments avec un grand verre d’eau (jamais de jus de pamplemousse qui interfère avec 85 molécules).
- Midi : Vérification des selles (saignements digestifs = premier signe d’alerte).
- 16h : Appel téléphonique à mon assistante médicale pour confirmer les prises.
- Soir : Préparation du pilulier avec ma petite-fille (moment de complicité).
- Chaque 1er du mois : Pesée et prise de tension.
- Tous les 3 mois : Bilan sanguin rénal et hépatique.
- Annuel : Séance de simulation d’ordonnance avec mon pharmacien.

Les alternatives naturelles validées par la science
Pour réduire le nombre de comprimés, j’intègre progressivement :
- Curcuma (600 mg/jour) → anti-inflammatoire.
- Omega-3 (1 g/jour) → protection cardiovasculaire.
- Marche nordique 30 min/jour → équivalent d’un antihypertenseur léger.
En synthèse : La polymédication n’est pas une fatalité. Par mon expérience, une révision trimestrielle des traitements permet de réduire de 30 % les hospitalisations liées aux médicaments. L’enjeu ? Trouver l’équilibre entre nécessaire prudence et maintien de la qualité de vie.